Kalamkari
Littéralement, si l'on se réfère à l'étymologie en hindi, il s'agit de travail (kari) au stylet (kalam). Cet art existerait depuis quelque trois mille ans, transmis comme bien d'autres en Inde de génération en génération au sein des familles.
Le kalamkari présenté par l’association DUPPATA est celui qui se pratique dans la petite ville de Srikalahasti, au sud de l’Andra Pradesh. Ses origines sont attestées depuis le XIIIe siècle, les sources d'inspiration étant essentiellement religieuses et mythologiques. Les principaux épisodes des grandes épopées sont traditionnellement représentés : le mariage de Vishnou, Krishna et les Gopis, les 10 avataras, les différentes facettes de Ganesh… mais aussi des représentations plus « naturalistes » avec les célèbres arbres vie.
Par le passé, ces tissus peints, ou plutôt teints, étaient utilisés dans les temples, pour l'instruction des fidèles à la manière des fresques murales ou des vitraux des églises chrétiennes.
la légende de l'éléphant sauvé des dents du crocodile par Vishnu pour sa dévotion
Sur un plan technique, la réalisation des pièces de kalamkari obéit à un processus long et relativement complexe. Le tissu utilisé est tout simplement une toile de coton naturel. Naturels aussi, pour la grande majorité, les ingrédients utilisés tout au long du processus, puisqu'ils sont pour la plupart d'origine minérale (ocre...), animale (cochenille...) ou végétale (indigo, charbon de bois...).
La toile est d'abord blanchie par trempage dans un mélange à base notamment de bouse de vache ou de crottin de chèvre puis par exposition plusieurs jours au soleil.
Puis on procède à un trempage dans une solution de myrobolan, à laquelle on ajoute ensuite du lait. L'opération a pour but d'empêcher ensuite que les couleurs ne bavent.
Le créateur du dessin, à l'aide d'une pièce fine de charbon de bois, trace le motif sur cette toile.
Un autre artisan de l'atelier applique sur le motif, au kalam (stylet), la couleur noire, traditionnellement à base d'acétate de fer (on laisse macérer des pièces de fer rouillé plusieurs semaines dans un bain d'eau contenant du sucre), appelé kasimi.
Les zones destinées à être teintes en rouge sont traitées avec une solution d'alun servant à la fixation. La toile est laissée alors au repos au moins une journée entière, puis elle est lavée à l'eau pure.
Le rouge est appliqué par trempage dans un mélange bouillant contenant le matériau colorant. La toile est à nouveau mise à sécher.
La toile est couverte ensuite de cire, à l'exception des zones destinées à recevoir la couleur bleue, selon le procédé connu pour le batik. Puis la toile est immergée dans l'indigo. A Srikalahasti, le bleu est toutefois généralement appliqué à l'aide du kalam.
Une fois la cire ôtée, on applique enfin la couleur jaune (servant aussi à produire le vert en association avec le bleu).
On procède à un dernier lavage et un dernier séchage au soleil.