Les étoffes du Gujarat
Le Gujarat, état au nord ouest de l'Inde, est l'un des centres historiques de la création textile. De nombreux musées témoignent de l'histoire de la broderie, de l'impression sur tissu et de la fabrication d'étoffes dans des villes comme Ahmedabad (Shreyas folk art musée and performing, Calicot textile muséum), Bhuj (Kutch museum). Dans le district du Kutch, district le plus reculé de l'état du Gujarat, et sa principale ville Bhuj et ses environs subsiste une incroyable richesse humaine de ces textiles.
Qu'il s'agisse du « patola » ou « double ikat », de la broderie kutch, du bandhini, du « block print », et d'autres encore, ces techniques sont le reflet d'une culture fragilisée à la fois par l'arrivée des textiles synthétiques et l'industrialisation mais également la scolarisation des filles.
Le patola : Patan (Nord est du Gujarat) est le berceau de la technique de l'ikat et surtout du double ikat ou patola. Cette technique consiste à nouer et teindre les fils de chaîne et de trame, en fonction d'un dessin préétabli, avant le montage et le tissage sur le métier à tisser. Un sari demande 5 à 6 mois de travail et mobilise environ 6 personnes selon les étapes du processus. Par exemple, le tissage en lui même nécessite 2 personnes pour passer la navette et régulariser la tension des fils afin de reconstituer les motifs.
Broderies Kutch : Il n'existe pas une mais des broderies kutch. Chacune des broderies est identifiée par le nom de la communauté d'origine. La broderie est une obligation sociale mais aussi l’expression matérielle de leur culture. De nombreuses broderies sont maintenues à des fins commerciales et plus comme monnaie d'échange dans le cadre de la dot.
Broderie « SUF » : broderie à points comptés dont le motif de base est le triangle (Suf en hindi).
Broderie « RABARI » : Historiquement, les rabaris sont des nomades hindous qui se sont progressivement sédentarisés. Les hommes sont bergers et les femmes brodent. La broderie « rabari » est reconnaissable à l’usage abondant de petits miroirs (micas) triangulaires, carrés ou rectangulaires qui ornent les vêtements.
Broderie « mutwa » : Les mutwas sont des musulmans. Les femmes mutwas sont les seules à incruster des miroirs minuscules de 2 à 5 mm de diamètre. Les autres communautés utilisent des micas ronds allant jusqu’à 1 cm de diamètre.
Bandhini : Terme générique hindi de la région du Kutch désignant la technique du tie and dye. Il s'agit d'une technique d'impression du tissu par teinture consistant à nouer, ligaturer sous forme de petits picots la pièce de tissu, selon un dessin imprimé au préalable au pochoir, avant de la teindre. Les étapes de nouage et de teinture se répètent autant de fois que le nombre de couleurs de l'ouvrage. Un dupatta nécessite 5 jours de travail. La finesse des motifs dépend à la fois du textile (soie, fine cotonnade) et de la dextérité de l'artisan. Afin d'obtenir une régularité des motifs, une seule et même personne réalise le nouage sur une étoffe. Les fils du nouage sont enlevés au moment de la vente de façon à garantir l'authenticité de la fabrication et ne pas acheter un « faux bandhini », c'est a dire une imitation réalisée par impression.
Block print : C'est une technique d'impression manuelle très ancienne, appelée ajrack en hindi. Les motifs sont sculptés à la main dans des blocs de bois. Les artisans imprègnent le tissu d'un mélange de terre, cendres de bois, de poudre de myrobolan puis impriment les motifs avec un tampon trempé dans des teintures végétales. Pour un motif nécessitant plusieurs couleurs, plusieurs tampons sont gravés. Il est nécessaire de laver et laisser sécher le tissu entre chaque couleur et de masquer les motifs déjà imprimés avec de la boue.