Peintures Santhal
Les Santhal font partie du groupe des Munda. Ils sont originaires de l’Est de l’Inde dans l’actuel état du Jharkhand. Ils comptent parmi les groupes ethniques les plus importants de l’Inde (plus de 4 millions d’individus). Leur langue, le santali, d’origine austro-asiatique est en voie de disparition. Il ne s’agit pas d’une langue écrite même si des tentatives de script ont été initiées au XXe siècle.
Leur insurrection en 1855 fut l'une des plus importantes de l'époque de la colonisation britannique. Affirmant avoir reçu du dieu "Thakur" l'ordre de délivrer les Santhal de leurs oppresseurs, leurs deux chefs "Sidhu" et "Kanhu" affrontèrent l'armée britannique avec 10 000 combattants, armés seulement d'arcs et de flèches. La rébellion fut durement matée.
Main d’œuvre docile et bon marché, ils ont par la suite activement participé à la construction des voies ferrées et à l’implantation du thé dans la région de Darjeeling. La population s’est progressivement dispersée sur une bonne partie de l’Est et du Nord de l’Inde (Etats du West Bengal, du Jharkhand, de l’Orissa et du Bihar).
A la périphérie de chaque village, le "bosquet sacré" est le lieu de nombreuses festivités en l’honneur des esprits.
Terres cuites à l’entrée d’un bosquet sacré, près du village Chipodo Hansda
Aujourd’hui, les Santhal vivent essentiellement de l’agriculture. Les façades des habitations sont quelquefois recouvertes de décorations géométriques. Les Santhal sont réputés pour leur habileté dans la chasse à l’arc. Malgré l’interdiction de la chasse sur l’ensemble du territoire indien, quelques villages continuent cette pratique à l’occasion de grands festivals.
Agriculture et habitations aux façades décorées
La musique, la danse et le chant tiennent une part importante dans la vie sociale.
Les principaux rituels et festivals sont liés aux cycles de l’agriculture et de la vie de chacun (naissance, puberté, mariage, décès). Ces festivités sont l’occasion de consommer beaucoup de bière de riz. Les prêtres, coordinateurs de rituels et médecins, pratiquent aussi la divination. Les principaux instruments de musique sont le "tumdak" et le "tamak" (percussion) et le "tiriao" (flûte).
Les Santhal vénèrent principalement "Maran Buru". Il est à l’origine du mythe fondateur des Santhal et de leurs clans :
Les "Patua" prétendent être l’un de ces clans, le clan des peintres. Peintres, chanteurs et narrateurs, devrait-on dire puisqu’ils vont de villages en villages, de familles en familles, chanter de longues histoires dessinées sur de long rouleaux de feuilles de papier cousues les unes aux autres qu’ils déroulent devant leur auditoire.
Les patuas
Parmi les "Patua", les "Jadu Patua" (littéralement "peintre magique") ont une mission aussi singulière que sacrée. Ils détiennent des petits bouts de papier sur lesquels figurent des illustrations de personnages de différentes apparences : hommes, femmes, jeunes, âgés, grands, petits… mais, particularité commune : aucun de ces personnages ne possède d’yeux ; seules les orbites sont dessinées. Lorsqu’un décès survient dans une famille, celle-ci invite un "Jadu Patua", puis elle sélectionne l’illustration la plus proche du défunt. Au cours des funérailles, le "Jadu Patua" dessine l’œil manquant… Dès lors, le défunt pourra rejoindre les esprits des ancêtres…
Images pour un décès
Hors les cérémonies rituelles, les "Patua" proposent maintenant des peintures sur papier de tailles plus adaptées à la demande moderne. Ce sont toutefois généralement des peintures réalisées selon un format très étroit. Autre singularité : l’arrière de la peinture est doublé d’une pièce de sari afin de lui conférer une meilleure solidité.
Les histoires peintes sont autant d'inspiration religieuse (hindoue, musulmane, ou catholique) que profane. Parmi ces histoires profanes, certains rouleaux illustrent les grands mythes comme celui de la création du monde, des faits historiques ou des catastrophes naturelles.
Toutes ces peintures sont réalisées à partir de pigments naturels. Moni Mala, une des principales peintres, cultive en permanence autour de sa maison, toutes les graines, toutes les fleurs, toutes les écorces, tous les fruits qui, pilés ou mixés, lui apporteront la large palette de couleurs dont elle tient à disposer.
Les thèmes de prédilection de ses peintures concernent souvent la préservation de l’environnement et la lutte des femmes pour leur émancipation. Elle écrit et elle compose ses propres chansons.
Pigments naturels et peinture sur rouleau réalisée et chantée par Moni Mala
Quelquefois, les peintures et leurs récits contés ou chantés sont une affaire de famille. Il en est ainsi du couple attachant formé par Joydeb Chitrakar et Moyna Chitrakar.
Joydeb Chitrakar et Moyna Chitrakar
Quelques oeuvres de Manimala (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quelques oeuvres de Radha Chitrakar (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quelques oeuvres de Rupsana Chitrakar (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quelques oeuvres de Moyna Chitrakar (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quelques oeuvres de Joydeb Chitrakar (cliquer sur l'image pour l'agrandir)